Combien de temps peut-on rester au bord de la guerre sans basculer irrémissiblement dans le fracas des armes ? L’est de l’Ukraine est le théâtre d’une mise en scène de plus en plus dangereuse, dans laquelle les séparatistes prorusses conjuguent toutes les violations possibles.
La montée de la température sur le front du Donbass ne fait pas une véritable offensive, certes, mais cette guerre à feu doux crée une impression inquiétante de déjà-vu. Se porter au secours des peuples russophones « menacés de génocide » a de longue date été l’excuse préférée de Vladimir Poutine pour agresser ses voisins.
Tous les ingrédients sont en place pour le scénario du pire : entre 130 000 et 190 000 soldats russes au bas mot sont massés aux frontières de l’Ukraine, un déploiement massif d’artillerie, de missiles, d’armadas navale et aérienne, un dispositif humanitaire à pied d’oeuvre pour accueillir les réfugiés involontaires d’un assaut qui n’a pas encore eu lieu … Mais …
Le moment de vérité approche, pour l’Ukraine, mais aussi pour les Occidentaux. Même si Poutine se contente de jouer à la guerre, d’orchestrer la peur dans l’intention de faire plier Kiev et de montrer les limites de l’Otan, Européens et Américains jouent leur crédibilité dans cette partie d’échecs. Plus la pression militaire monte, plus la tentation est grande de trouver un accommodement avec le maître du Kremlin. Le Président français et de l’Union Européenne a déployé durant trois jours des trésors de négociation, en vain semble t-il. Mais derrière tout cela il faut se demander quel en sera le prix ?
Sacrifier l’Ukraine, lui fermer définitivement la porte de l’Alliance et la renvoyer dans l’orbite de Moscou. Pas sûr que l’Otan se remette d’un aussi flagrant aveu de faiblesse.
Rien n’est simple en ce moment de vérité. Où que l’on trace la ligne rouge, il y aura toujours plus à obtenir pour celui qui veut un retour à l’Europe de 1997. L’apaisement semble pourtant porter bien des avantages à court terme. Mais sur la durée, difficile d’imaginer que le « rameau d’olivier » brandi devant les chars russes fasse une politique capable de tenir à distance Vladimir Poutine.
