Les querelles de boutiquiers sur les lignes rouges et sur les accords de » non-censure » ne creusent pas seulement un fossé d’incompréhension entre la classe politique et les électeurs. Cette totale déconnexion entre le petit théâtre parisien et la vraie vie est aussi en train de décourager, profondément, les milliers de chefs d’entreprise et toute l’économie.
On dira, dans les travées désertes de l’Assemblée nationale, que tout ceci n’a pas beaucoup d’importance: ces poids légers de l’opinion ne feront jamais basculer une élection. Calcul à courte vue! Privée de budget et de gouvernement, la France donne l’effet d’un bateau ivre, sans cap ni gouvernail. Pour une entreprise confrontée aux dures réalités de la compétition économique, où chaque euro compte, ce grand flou agit comme un paralysant. Pas de visibilité, pas d’investissement. Pas d’investissement, pas d’activité. Pas d’activité, pas d’embauche. Et pour boucler la boucle, pas de distribution non plus de ce pouvoir d’achat que tout le monde promet.. .
Il faut entendre les chefs d’entreprise décrire la destruction, en quelques semaines, de l’échafaudage patiemment construit pour rétablir l’attractivité du pays. De la dissolution à la censure, un monde de défiance s’est installé en un rien de temps. En attendant d’y voir plus clair, il n’existe qu’un seul mot d’ordre: tous aux abris !!. Et pendant que les partis politiques combinent, le déficit se creuse. Personne, au point de blocage où l’on se trouve, ne croit déjà plus aux promesses de redressement envoyées à Bruxelles et aux agences de notation. Loin d’être soulagées d’échapper au laminage fiscal qui leur était promis, les entreprises redoutent le pire pour la suite. La parenthèse Barnier leur a confirmé une chose: un gouvernement, fût-il de droite, tape toujours de préférence dans le muscle du privé plutôt que dans la graisse du public. Elles n’ont donc aucun doute: le prochain budget, a fortiori s’il doit recevoir l’onction de la/les gauches, épargnera la Frnace assoupie pour mettre à contribution ses forces vives, qui créent la richesse et financent son modèle social. Ce qui n’est évidemment pas le meilleur chemin pour repartir de l’avant.