Dans un contexte de dénonciation continue de nos collectivités locales par certains « experts », de leur coût pour le contribuable et de leur inefficacité pour l’usager, il est essentiel de rappeler que la commune est le pilier de la République et de ses valeurs.
L’idée même de la commune, envisagée comme le ciment de la vie en communauté à l’échelle locale, est une constante historique depuis la révolution. Les récents errements politiques ne peuvent résister aux faits : la commune est et reste le moteur de base de l’organisation territoriale, au service du quotidien de ses administrés. Et, à un moment où il est de bon ton de nous aveugler de comparaisons européennes, il n’est pas inutile de souligner que la commune est une force pour la France, une identité propre, une spécificité, placée aux avants postes pour préserver notre culture, nos patrimoines, nos territoires, nos richesses historiques, nos traditions, nos produits identitaires….
La République est certes indivisible, mais elle est décentralisée. Les communes sont les acteurs de cette décentralisation, rapprochant le processus de décision au plus près des habitants, tout en étant les garantes de l’unité républicaine. Elles sont l’incarnation démocratique de notre République.
Les Maires et élus de ces communes en sont les « premiers fantassins » dans nos villes et villages.
Dans la France des métropoles… mais aussi des petites villes, des bourgs et villages ruraux, la commune assure la permanence du service à tous nos concitoyens. Au-delà des éléments qui fondent sa relation avec l’Etat, les communes sont en charge de la politique sociale, de la petite enfance, de l’école et des activités périscolaires, de l’entretien et de la requalification des espaces publics, du patrimoine, de la définition et de l’organisation des politiques de développement économique, touristique et commercial, de l’animation locale… et contribuent au bien vivre ensemble.
Cependant, l’organisation décentralisée de notre République occupe depuis quelque temps une place prépondérante dans l’agenda parlementaire.
Les lois sur ce sujet se succèdent et se contredisent dans un mouvement permanent peu propice à l’élaboration de projets de développement de nos territoires.
Jamais, dans notre histoire, les collectivités territoriales n’auront connu un tel bouleversement : 4 lois en moins de 5 ans (!!!), un poids de la réglementation de plus en plus lourd et un jeu de dupes sur les finances publiques locales.
Et nous observons, malheureusement, que les territoires qui composent la France, dont on nous chante pourtant les mérites sur tous les tons, sont absents de ces débats et même tenus à l’écart. Pour tout dire, la grande majorité des élus locaux, l’exemple vient de nous en être donné en Dordogne à l’occasion des Etats Généraux de l’Association des Maires Ruraux, considère que notre Etat et nos gouvernants ont une vision purement jacobine et de plus en plus centralisatrice.
Le mouvement est donné par l’Etat depuis plusieurs années : « privation des droits des élus ruraux, privation des libertés locales, infantilisation, diktats, découpages arbitraires, décisions par la force, appauvrissement du milieu rural »…. Autant de sentiments largement partagés par les élus et les habitants.
Là où confiance, initiatives locales ou liberté devraient primer, c’est tout l’inverse qui se produit.
Il est par exemple incompréhensible (vu de Paris à l’aide de gommes, de crayons papier, de règles et de compas) cette volonté, en son temps affirmée, de vouloir instaurer arbitrairement un seuil de 20 000 habitants à toute Communauté de communes sans aucune réalité territoriale, avec des communes séparées par des dizaines de kilomètres les unes des autres (parfois jusqu’à 100 km !!), qui n’ont aucun lien entre elles.
Pour s’en convaincre il suffit de s’interroger sur la pertinence d’un canton comme celui allant de Carsac-Aillac à Terrasson dessiné sur un coin de table sans aucunement tenir compte des bassins de vie et encore moins de l’avis des élus et des administrés. Que dire des Communautés de communes que l’Etat voudrait forcer au mariage. Serions-nous encore au moyen-âge ?
Tout cela menace au contraire la survie des communes.
Il n’est que temps d’adopter une réflexion radicalement différente en considérant la commune comme une institution libre et moderne. Laisser aux habitants et à leurs élus, en toute transparence, dans le dialogue, le soin de définir un projet de territoire qui sera porté par leurs communes et l’intercommunalité.
Il faut de la souplesse et de la liberté pour mobiliser au mieux un territoire sur des projets structurants. Cette liberté laissée au couple communes/intercommunalité favorisera une décentralisation innovante et entreprenante reposant sur la mobilisation des talents, des potentiels et des ressources, avec le souci d’une gestion maîtrisée des deniers publics.
Les français ne s’y trompent pas. Leurs élus locaux restent encore légitimes à leurs yeux. Avec la mondialisation, les citoyens sont d’autant plus attachés à maîtriser leur environnement immédiat. Ils ont de moins en moins confiance dans cet Etat devenu énorme, coûteux et impuissant.
Notre pays a plus que jamais besoin de communes fortes et vivantes.