Tous les philosophes, et tous les psychologues ou psychanalystes, ont établi une différence entre la peur et l’angoisse. Le sentiment de peur naît de la présence bien réelle d’un danger, un animal sauvage, une agression physique, l’imminence d’un accident… . L’angoisse suppose, elle, une menace encore non identifiée, voire non identifiable, un danger relativement vague et, sinon lointain, du moins ni présent ni même imminent.
Les problèmes environnementaux, les guerres en Ukraine ou au Moyen-Orient représentent certes des risques, mais ils restent vagues et indéterminés, même si leur réfraction chez nous est de plus en plus inquiétante. Même chose s’agissant de la transition écologique, ou du déclin du pays, voire des impacts qu’aura inévitablement l’intelligence artificielle sur le monde du travail.
En vérité, c’est de l’accumulation de ces soucis associée à l’impuissance publique, au sentiment qu’aucune solution politique ne semble à portée de main tant nos gouvernants et nos parlementaires paraissent irresponsables et inutiles, que naît une angoisse diffuse face à un avenir non seulement incertain, mais en toute hypothèse de moins en moins prometteur.