La revanche des territoires

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Les métropoles ont structuré la mondialisation, formant un réseau de villes-mondes qui concentraient les hommes, les richesses, les technologies, les pouvoirs… Elles étaient fondées sur le principe de la mobilité, assurée par les systèmes de transports collectifs ainsi que les réseaux aériens, maritimes et numériques qui gouvernaient des chaînes de valeur démesurément étendues. Elles impulsaient et profitaient de la polarisation des revenus et des emplois, des talents et des entreprises, des centres de décision, avec pour principale contrepartie, (il y en a d’autres), une hausse vertigineuse des prix de l’immobilier.

La crise sanitaire mondiale a fracassé et renversé ce modèle, en souffrance depuis quelques années. Les métropoles ont été frappées de plein fouet par l’épidémie, les restrictions sanitaires, la crise des services et la chute de la mobilité. Les confinements ont provoqué l’exode des plus aisés. La généralisation du télétravail a vidé des quartiers entiers.

Au total, la crise sanitaire a servi de révélateur en mettant au jour les déséquilibres et la fragilité des métropoles : bulles immobilières, risques sanitaires, insoutenabilité écologique, vulnérabilité face au réchauffement climatique, polarisation de l’espace et ghettoïsation, temps de transport démesurés, exiguïté des logements, insécurité, dégradation du lien social, perte des repères de vie…

L a France, qui fait souvent exception, n’a pas échappé au mouvement de métropolisation. Au cours des dernières décennies ont émergé une quinzaine de grandes agglomérations qui occupent 5% du territoire mais rassemblent 40% de la population, générant plus de 50% de la production nationale et absorbant 55% de la masse salariale.

Mais l’épidémie a bousculé cet ordre que l’on savait instable. Paris s’est vidée de 20% de ses habitants au printemps 2020…

Au total, il en résulte une double ruée vers l’ouest et vers les villes moyennes proches des campagnes. Paris perd 20 000 habitants par an tandis que l’agglomération de Rennes en gagne 9 500. Les talents et les diplômés, les activités et les emplois basculent vers le littoral, de la Normandie au pays basque. Ces régions offrent en effet la mer, l’espace, l’accès à la nature, à la qualité de vie, d’excellentes infrastructures, des établissements scolaires performants, des circuits courts de consommation de plus en plus privilégiés.

Ce mouvement de rééquilibrage de territoire est salutaire pour de nombreuses petites villes, pour les espaces ruraux, pour un développement plus équilibré de notre pays. Pour autant, cet ordre nouveau doit être activement soutenu et accompagné par l’Etat, notamment en termes de formation et d’innovation, d’infrastructures numériques et d’aide à la mobilité durable. Elle constitue de ce fait un pan majeur du nouveau pacte économique, social et démocratique qui doit fonder la France de demain. Cela ressemble à s’y méprendre à un programme de campagne !!

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