Avis de tempête pour les filières d’excellence. Il y a vingt ans, Sciences Po avait ouvert la voie en instaurant, contre tous les principes de l’élitisme républicain, une discrimination positive pour les lycéens venant de banlieue.
Nouvelle société, nouvel évènement, voilà que l’on envisage la suppression de l’E.N.A. au profit d’un nouvel institut ( !!), afin de « sélectionner des profils moins déterminés socialement ». En bref, comprendre : diminuer le nombre d’enfants de bourgeois et de profs au profit d’étudiants de milieu modeste, de préférence de l’immigration.
Ce que les sociologues de l’éducation appellent « le manque de mixité sociale » est certes une réalité dans toutes les grandes écoles françaises. Mais la réponse que les pouvoirs publics apportent au problème n’est pas juste : au nom de l’égalité sociale, on crée de nouvelles inégalités (une de plus) au détriment des élèves les plus méritants. Ainsi, dans une dérive qui semble ne pas avoir de fin, Sciences Po , après avoir établi des quotas d’étudiants de Z.E.P., vient de supprimer son examen d’entrée.
Terminées les dissertations strictement anonymes. Place à la « discussion autour d’une image, au choix, susceptible d’inspirer aux candidats des observations de toutes sortes »… De quoi permettre, en effet, une sélection sur des critères « de toutes sortes », même les plus subjectifs…
Dans l’ancien monde, on appelait cela la note de gueule.
Et si on regardait la réalité en face ? A force de démocratisation, notre système scolaire est devenu infiniment moins sélectif et ne parvient plus à hisser les enfants des classes populaires.
Seuls, quelques établissements, souvent privés, et qui vont se multiplier, selon les modèles américains et anglais, ont résisté à cet effondrement de niveau. Les familles se battent, et on les comprend, pour faire entrer leur progéniture dans ces « entreprises d’excellence ». Y compris chez les membres de « nos élites » qui se lamentent, en même temps, devant les caméras, du manque de diversité.
La mise en place d’une discrimination positive est aussi le reflet de l’échec patent de notre politique d’assimilation. Aucun quota de boursiers, aucun dispositif « égalité des chances », aucune « convention d’éducation prioritaire » ne pourra effacer les conséquences d’un demi-siècle d’immigration incontrôlée, amenant massivement en France des populations qui n’ont pas pu, ou pas voulu, se fondre dans notre culture.
Face à un problème d’une telle ampleur, il n’y as pas de solution miracle mais certaines sont plus équitables que d’autres. Plutôt que de leur aménager des passe-droits, on ferait mieux de préparer aux concours les lycéens défavorisés mais prometteurs par un encadrement spécifique.
Cela suppose de remettre l’excellence, le mérite, le travail, la sélection au cœur des principes éducatifs. S’il en est encore temps…