La France, proche de pénuries agricoles

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Aléas climatiques de plus en plus fréquents, hausse des charges, difficultés à retrouver des repreneurs, défiance de la société… Multiples, les sources d’angoisse des éleveurs plombent le ciel de l’agriculture. De quoi nourrir la réflexion et les discussions des tables rondes du dernier salon des productions animales de Rennes, au cœur du bassin laitier français. La Bretagne est également une grande région d’élevage porcin et de volaille. Méthanisation, agro-voltaïsme, traqueurs solaires. Le thème de l’énergie était à l’honneur.

C’est un domaine que les paysans commencent à s’approprier pour diversifier leurs revenus afin de mieux traverser la crise. A titre d’exemple, la consommation de viande bovine française est en baisse, alors que les importations augmentent ( !). Le métier, avec ses nombreuses contraintes, n’attire plus les jeunes. En outre, les éleveurs pâtissent d’une mauvaise image, car ils sont accusés par certains activistes de polluer et de maltraiter les animaux. Tout cela pour des revenus qui sont les plus bas de la profession agricole.

En effet les éleveurs de vaches à viande sont ceux qui gagnent le moins de toutes les filières agricoles, autour de 18 400 euros par an. C’est 40 % en dessous de la moyenne agricole. Les éleveurs laitiers sont un peu mieux lotis, avec 25 100 euros annuels de revenus, soit environ la moitié de ceux de leurs collègues céréaliers. Résultat : des éleveurs se tournent de plus en plus vers la production végétale. C’est ainsi que nous avons perdu près de 25 % d’éleveurs en 10 ans. Par rapport aux investissements et au temps passé, leurs revenus sont beaucoup trop modestes.

En effet, malgré un effort récent des industries pour mieux payer le prix de la viande bovine aux fermiers, ils peinent à trouver des animaux. Ces augmentations arrivent de toute évidence trop tard. Les éleveurs sont usés par tout ce qui leur tombe dessus. Ils ne veulent plus s’embêter à produire plus et ne renouvellent pas leur cheptel. Surtout lorsque la Cour de Comptes les désigne du doigt, stipulant que les bovins sont trop nombreux et qu’ils émettent trop de gaz à effet de serre. C’est leur porter un coup final au moral.

Il est vrai que pour des questions environnementales, il vaut mieux faire venir du bout du monde (Brésil /  Nouvelle-Zélande) des bovins que de les élever en France.

Dans un avenir proche, notre pays va donc faire face à des pénuries de viande bovine mais aussi de lait et de beurre. Au rythme actuel, le pays ne sera plus autonome en 2027.

La production bovine n’est pas un cas isolé. Si l’on passe en revue les autres productions animales, pas une ne connaît la sérénité. La filière porcine est aux abois. De leur côté, les producteurs de volailles ont lourdement été affectés par plusieurs épisodes de grippe aviaire. Près de 30 millions de volailles ont été abattues depuis 2021.

Ce dont il est désormais question, c’est tout simplement le maintien de la souveraineté alimentaire française d’ici à 2027. Autant dire demain.

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