
Ce n’est pas encore la guerre commerciale, mais on s’en approche à grands pas. Dès le lendemain de l’intronisation du nouveau président, le Canada, le Mexique et la Chine avaient, les premiers, subi les foudres de la Maison-Blanche. A présent, tous les producteurs mondiaux d’acier et d’aluminium sont dans le viseur : ils se verront appliquer des droits de douane exorbitants au moindre kilo de métal vendu aux Etats- Unis. En attendant l’Europe, prochaine sur la liste, à qui Donald Trump a promis des temps difficiles pour combler le déficit américain.
Cette « croisade » commerciale, menée au nom des intérêts de l’industrie et des emplois, semble très populaire aux Etats-Unis. Mais il n’est pas sûr qu’elle soit très productive. Plusieurs études ont en effet calculé que les mesures similaires mises en place lors du premier mandat de Donald Trump, entre 2016 et 2020, y avaient entamé le pouvoir d’achat et la croissance, selon un mécanisme historiquement bien connu. Un, ce sont les consommateurs qui au final paient le prix de ces surtaxes. Deux, pas plus que quiconque, l’Amérique ne peut tout produire sur son sol, de surcroît dans des conditions économiques viables. Trois, le jeu des représailles pèse sur l’activité économique et cause des victimes dans chaque camp.
En un mot, si le protectionnisme assurait la prospérité, s’il protégeait les consommateurs et les emplois, cela se saurait depuis longtemps.
Cela posé, il n’est pas imaginable que l’Europe regarde le train des « sanctions » passer sans elle-même riposter. Ceci d’autant plus qu’elle s’est dotée depuis deux ans d’un instrument anticoercition lui permettant de déclencher une batterie de contre-mesures puissantes et ciblées ( restriction d’accés à son marché, à ses marchés publics, aux droits de propriété intellectuelle, aux investissements ). Des dispositifs dissuasifs témoignant de la fin d’un certain angélisme. Mais qui suppose que les Vingt-Sept, aux intérêts parfois très éloignés, s’entendent pour affronter un Donald-Trump qui ne demande qu’à les diviser.