Rencontre avec Franck DUVAL

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Ancien adjoint à la Mairie de Sarlat en charge de l’économie touristique, de la proximité, de l’attractivité de la ville, de la communication et des évènementiels et vice-président de la C.D.C. Sarlat-Périgord Noir

 

Le Journal du Périgord Noir : Cela faisait quelques mois qu’on vous avait un peu perdu de vue ! C’est un plaisir de vous retrouver. Quel est aujourd’hui votre état d’esprit ?

Franck DUVAL : Il ne vous a pas échappé que ma situation a quelque peu évolué ces derniers mois ! Je dois vous confesser qu’après 30 ans d’engagements pour Sarlat, pour ses habitants, pour son développement économique, commercial et touristique…., il n’a été facile de traverser cette période. Heureusement, j’ai été entouré des miens et de quelques amis chers. Mais surtout, à travers de nombreux témoignages, souvent par courrier ou par courriel, grâce à quelques lectures précieuses (je vous conseille vivement une auteure exceptionnelle, Maud ANKAOUA, et ses deux ouvrages non moins remarquables « Kilomètre zéro » et « Respire »), j’ai rapidement mesuré que d’une épreuve, il fallait faire une force. Dans la vie, les choses ne doivent rien au hasard…

Le JduPN : Cela vous fait-il éprouver de l’amertume ?

F.D. : Vous savez, il ne faut rien regretter du temps qui passe. Ni des évènements qui nous font face.

Au contraire, il faut remonter en selle, aller de l’avant, voir où sont les priorités et prendre de nouvelles initiatives. C’est ce que j’ai fait, et je ne m’ennuie pas !! Croyez-moi.

Le JduPN : Tout de même, vous avez pris le temps de souffler un peu ?

F.D. : S’il y a bien une chose qui a changé, c’est le temps dont je dispose. Fini les périodes où j’enchaînais réunion sur réunion, parfois jusqu’à pas d’heure. Bien entendu, j’ai conservé mes responsabilités à la tête du Syndicat que je dirige. Mais le soir et les week-end, tout est différent pour partager des moments en famille ou entre amis, mais aussi pour me consacrer à deux passions, mon jardin et mon potager ainsi que la cuisine.

Le JduPN : C’est le cas de le dire. On peut parler de jardins secrets ?

F.D. :  Disons qu’on voit les choses un peu différemment, pour en revenir parfois à l’essentiel. Prenons la cuisine, c’est le partage. Il y a cette envie de donner du plaisir à table. Nous avons la chance d’avoir un pays avec une diversité culinaire extraordinaire, de la cuisine de terroir. Je puise probablement là aussi dans les racines de mes grands-parents qui étaient agriculteurs et chez lesquels mijotait souvent un plat traditionnel au coin du feu.

La cuisine de ma mère aussi, qui n’était jamais à cours d’idée pour satisfaire notre gourmandise !

Rien de tel que lorsqu’on  vous demande de lui préparer votre spécialité, un hachis parmentier de canard à la truffe, ou tout simplement un tian avec les produits de mon potager, cueillis le matin même. En tous les cas, j’y prends beaucoup de plaisir.

Le JduPN : Justement, on connaît votre passion pour la truffe, vous qui avez créé à Sarlat le marché de gros aux truffes, la fête de la truffe ou le trophée Jean ROUGIE. Il se dit qu’on n’abandonne jamais ce qui nous est cher ?

F.D. : En effet. Sachant que je disposais d’un peu de temps, l’un de mes proches m’a présenté un chef d’entreprise du Sud de la France, à la tête de plusieurs activités autour de la truffe. Celui-ci m’a proposé, pendant quelques semaines, de l’accompagner sur la définition de nouvelles initiatives autour de la truffe. Je l’ai fait avec beaucoup de plaisir, même si ma contribution est restée modeste.

Le JduPN : D’autres engagements ces derniers mois ?

F.D. : L’un d’entre eux m’a fortement motivé. Ayant connaissance de mes engagements ces dernières années, un groupement institutionnel a souhaité me faire contribuer aux réflexions qu’il mène sur « l’attractivité des cœurs de villes ». Je lui ai remis un rapport comportant plus de 100 pistes d’actions.

Prochaine collaboration avec eux, « la ville en mouvement », ou comment s’organiseront les villes de demain, creuset de nos profondes transformations économiques, sociales et sociétales.

Nous aurons prochainement l’occasion d’en reparler.

Le JduPN : On vous a vu aussi contribuer à la première Startup Supercup organisée en Octobre dernier à Sarlat.

F.D. : En effet, un chef d’entreprise de Sarlat informé de ma longue expérience dans la création et la gestion d’évènementiels a souhaité s’adjoindre mes services pour initier une dynamique économique nouvelle de dimension internationale.

Sa confiance m’a bien évidemment fortement encouragé dans la mise en œuvre de ce projet, comme bien d’autres, malheureusement impacté par la crise sanitaire. Pour autant, la rencontre de start-up et d’investisseurs aura permis, à ma connaissance, la mobilisation de plus de 2 millions d’euros d’engagements financiers au cours de ces journées. Sans parler de rencontres inattendues dans ce milieu que je ne connaissais pas il y a encore douze mois. De belles perspectives en vue.

Le JduPN : Et il semblerait que vous consacrez des moments à l’écriture. Est-ce exact ?

F.D. : Disons, là encore, que j’ai davantage de temps mais surtout l’esprit plus libre pour me tourner vers ce qui m’a toujours passionné, l’écriture.

Vous savez, il n’y a rien de mieux que les pages que vous couvrez vous-même, plutôt que de laisser autrui raconter les histoires à votre place.

J’ai vécu de formidables engagements et je préfère livrer, modestement, « ma part de vérité »…

Le JduPN : On vous sait un peu éloigné de la politique qui vous a longtemps passionné. Est-ce à dire que votre intérêt pour cela est entamé ?

F.D. : Très honnêtement, ce n’est pas le sujet du moment.

Il est vrai que j’ai mobilisé, pendant près de 20 ans, mon énergie pour un homme qui portait haut les couleurs politiques de notre pays et dont les idées, les projets, cette capacité de rassembler, justifiaient un engagement fort. Ainsi que j’ai eu l’occasion de le dire lorsque Jacques Chirac nous a quittés, aujourd’hui je me sens « un peu orphelin ».

Mais, je dois vous avouer, que comme beaucoup de nos concitoyens, je suis un peu effrayé et médusé par ce à quoi on assiste aujourd’hui.

Là, désavoué par les habitants de la ville qu’il avait consulté par référendum, le Maire de Rouen est contraint de reboulonner la statue de Napoléon sur la place de « son » Hôtel de Ville.

Ailleurs, la déconstruction culturelle est en marche. A Paris, Anne Hidalgo a escamoté la statue de Voltaire (jugé islamophobe) et la plaque commémorant l’exécution de Louis XVI place de la Concorde, dont il est vrai qu’elle n’était pas rédigée en écriture inclusive ! De leur côté, certains édiles écologistes traquent avec un même enthousiasme le foie gras et le tour de France, la chasse et les sapins de Noël.

Le meilleur moyen de stopper cette culture de l’effacement, qui veut faire disparaître non seulement notre histoire mais aussi notre identité, est de mettre ses propagateurs en minorité.

Mais le combat ne se limite pas aux urnes, car la déconstruction est partout à l’offensive. On la retrouve dans les dictionnaires, les programmes de télévision, les manuels scolaires et les musées.

Et que dire de cette fameuse commissaire européenne, Helena Dalli, qui avec son « guide de la communication inclusive », propose, rien de moins, que de supprimer de notre langue « Noël, Pâques, Marie, Pierre… ».

La question qu’il nous appartient de nous poser en urgence : comment ces minorités agissantes parviennent-elles à imposer leurs « idées lumineuses » ? Tout simplement grâce à l’absence de réaction des « gens normaux » , tétanisés à l’idée de passer pour des ennemis du progrès.

« On ne saura jamais tout ce que la peur de ne pas paraître assez avancé aura fait commettre de lâchetés à nos français » écrivait Péguy.

Et puis, il y a aussi la culpabilisation. Si vous admirez Napoléon, c’est que vous êtes raciste. Si vous aimez les films de Polanski, vous êtes complice des violeurs. Si vous appréciez le foie gras et la chasse, vous n’aimez pas les animaux…

Alors oui. Ces activistes sont surtout forts de l’apathie de la majorité silencieuse. Il n’est que temps de réagir et de faire preuve, d’un peu de volonté. Regardez les habitants du 12ème arrondissement de Paris : face au refus de la Municipalité écolo d’installer le traditionnel sapin de Noël, ils en ont dressé un eux-mêmes, magnifiquement décoré, devant leur Mairie, après avoir lancé une cagnotte pour le financer.

Vous l’aurez compris, pour répondre à votre question, mon intérêt pour la politique n’est nullement entamé. Surtout lorsqu’il s’agit de défendre notre identité, de contribuer au développement de ma commune, Sarlat, et d’accompagner ses habitants au quotidien pour une meilleure qualité de vivre.

( entretien paru dans l’édition du Journal du Périgord noir – de janvier/février –          n° 107 )

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